LE PROGRÈS


 LE PROGRÈS


Dans le passé, même dans les rêves n'existait pas


Tant de ponts sur les rivières


Pas d'asphalte sur les routes


Nous avons utilisé quatre ou cinq cloches


Apporter les pantaneiros


Au rodéo du bétail...




Né dans les eaux de Santa Bárbara, dans l'État de São Paulo, Elias Costa, connu sous le nom d'Índio Vago, a écrit, avec Nonô Basílio, l'une des plus belles pages de notre recueil de chansons sertanejo. Mágoas de Boiadeiro parle de l'avancée du progrès sur les choses dans le sertão, où l'homme d'hier n'a plus sa place dans le nouveau monde qui se présente. L'homme de la campagne a deux voies... soit il se met à jour, soit il disparaît tout simplement dans la nuit des temps. Le berger de la chanson se souvient avec émotion de ses voyages coupant la route, conduisant le bétail avec ses compagnons, traversant des rivières, campant au bord des routes, courant après le bétail quand il s'éloigne du groupe, flirtant avec les caboclas pendant leur promenade.. . .


On peut dire que cette chanson parle bien plus que du cow-boy à la retraite forcée, même si c'est la première perception que l'on a en l'écoutant. En fait, cela parle de la difficulté que nous avons, au début, à accepter les changements qui se produisent tout le temps autour de nous. Oui, parce que la dynamique du monde ne lui permet pas de rester immobile, il y a toujours un changement qui se produit autour de nous, peu importe dans quelle niche nous sommes insérés. Les métiers naissent et disparaissent tout le temps et ceux qui ne peuvent pas se réinventer dans ce voyage se retrouvent perdus, sans direction à suivre. A chaque seconde qui passe, une fonction que l'on croyait primordiale pour la société s'éteint, sans la moindre honte, car elle devient subitement obsolète. Exemples? Nous sommes nombreux autour de nous. Aujourd'hui, nous avons déjà des agences bancaires qui n'ont pas de serveurs physiques pour servir les clients dans les services de base, comme payer des factures, retirer de l'argent ou déposer de l'argent... supermarchés, bus... des services qui ont éteint la figure du caissier qui accueillait les clients et fait la collecte... dans les usines, les machines qui venaient remplacer le travail de cinq, dix personnes... et même dans les campagnes, où jusqu'à il y a quelque temps on croyait impossible que les machines remplacent le travail humain, qu'il se passe à une vitesse effrayante. Hier la plupart des fermes productives avaient de véritables villages de travailleurs dans leur périmètre, aujourd'hui seulement un ou deux techniciens pour faire fonctionner les machines...


Oui, l'avenir avance à pas de géant. Chaque jour qui passe, le travail humain est abandonné dans la plupart des fonctions. Même dans les transports, la figure de l'opérateur est déjà inutile. Il existe déjà (en petit nombre et encore en test) des véhicules autonomes qui se passent de conducteur, car ils sont déjà capables de reconnaître le chemin qu'ils doivent suivre pour effectuer leur trajet...


Oui, nous vivons, même à petite échelle, le meilleur des mondes d'Aldous Huxley, où l'homme n'est qu'un appendice décoratif dans une société de plus en plus cybernétique... nous vivons déjà en 1986, le monde de George Orwell, où chacun les pas des citoyens sont contrôlés par Big Brother... le pire c'est que nous payons encore, et cher, pour qu'ils veillent sur nous à chaque seconde de notre vie. Les réseaux sociaux ne sont rien d'autre qu'un contrôle sur nous. Mais peut-on vivre sans y accéder ? Moi-même, je ne peux pas passer une journée sans accéder à mon profil, voir qui y a accédé, garder une trace de ce qui était drôle ou triste... en d'autres termes, c'est la nouvelle façon d'interagir avec ses pairs de nos jours. Certaines personnes reprochent aux autres d'avoir tout le temps les yeux rivés sur l'écran de leur smartphone. Mais ils ne réalisent pas que, jusqu'à très récemment, les gens étaient "liés" à la lecture de magazines ou de journaux, marchant dans la rue complètement distraits, hypnotisés qu'ils l'étaient en lisant leurs sujets favoris. Ce n'est pas différent d'aujourd'hui, seul le support a changé, la coutume reste la même....


Le gros problème avec le progrès, c'est qu'il arrive à une telle vitesse qu'on ne peut pas prédire ce qui se passera demain... pour l'instant, la seule chose qu'on entrevoit, c'est le chômage de masse et le nombre d'oisifs qui augmentent de manière non désirée. "Mais c'est bien, il y aura plus de temps pour les gens à consacrer aux loisirs"... oui, un petit nombre aura ce privilège. La majorité? J'espère me tromper, mais le destin le plus probable de ce groupe est la faim, dans un premier temps... et je ne veux même pas penser à quoi vont consister les moments qui vont suivre...


Il est 7h32 en ce jeudi matin nuageux, nous sommes à 21°C en ce moment. Il peut se réchauffer pendant la journée, mais il peut aussi rester une journée froide, si les prévisions de pluie se réalisent. Que Dieu nous aide et nous éclaire, et nous conduise toujours sur le chemin de la justice.


Si Dieu le veut, demain je serai de nouveau ici avec vous. Qu'il nous bénisse tous et nous accorde le meilleur jeudi de notre vie...

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